DISTRUKTUR - To Ensure the Continuity of the FLow of Life - Pour assurer la continuité du flux de la vie - Para garantir a continuidade do fluxo da vida - Um die fortdauer des lebenflusses zu sichern
June 12 - July 17, 2020
Présentation de l'expo
D'origine brésilienne, Melissa Dullius et Gustavo Jahn créent le duo Distruktur en 2006. Ils sont co-fondateurs et membres de LaborBerlin, laboratoire collectif et indépendant de cinéma argentique. Le fait de ne pas savoir « ce qui est bien à faire » leur assure la liberté de création qui est, d’emblée, la seule règle que le duo se donne. Ceci leur donne aussi la liberté de dépasser nombre de frontières artistiques : Dullius et Jahn réalisent des films, des photographies et des installations, mais composent aussi de la musique et conçoivent des fanzines. Ils suivent et maîtrisent personnellement tous les stades de fabrication de ces rencontres avec les autres domaines artistiques. Pour ne s’en tenir qu’au processus de conception et de réalisation de ses films, le duo Distruktur tient à être devant et derrière la caméra : non seulement il écrit le scénario, mais en interprète le plus souvent certains personnages, tout en assurant la prise de vue, le développement des pellicules et le montage.
Cette implication totale dans le processus de réalisation relève moins du contrôle que d’une relation épidermique, appelant tant celle de l’œil que du tactile, avec l'ensemble de son œuvre. Distruktur porte en effet son attention aux histoires de ses films – toujours singulières, faisant de la décousure un principe narratif et formel – mais insiste sur leur matière même. Les « défauts » du développement, comme disent Dullius et Jahn, sont les « effets » de leurs films ; la texture si particulière du 16mm, l’image dégrainée et souvent nostalgique que ce format produit, interviennent sur le corps de l’image autant que sur les régimes temporels, indiscernables. Cette manière de travailler l’image en rappelle la nature d’objet et, en tant qu’objet, la nature de produit infiniment manipulable.
Conçue in situ, l’exposition "To Ensure the Continuity of the Flow of Life" fait émerger et s’entrechoquer ces différentes appréhensions des images, et ceci à travers un corpus d’œuvres très diverses. La qualité d’objet des images est mise en exergue par le film projeté en boucle, "Kinograph", qui se compose d’une collection d’images (cartes postales et de vœux, flyers, emballages…) accumulées durant les quinze dernières années. Celle-ci se prolonge par la série des quatre livres "Passeio noturno". Tourné au banc titre 16mm, "Passeio noturno" est un film et une édition. Dans la série des livres, les photogrammes du film sont imprimés les uns à la suite des autres : on les regarde telles les images d’un album de photographie, car ils font appel à des événements du passé qui deviennent, pour le lecteur, des souvenirs que l’on n’a pas encore. Distruktur fait de la mémoire un principe modulable ; passé et futur convergent dans le présent de leurs œuvres, ils rendent inopérante toute tentative de classification temporelle.
On retrouve la nature "d’objet" des images, étroitement liée à cette modulation du temps, dans "Patchwork Quilt #2". Celle-ci est une œuvre textile de grand format assemblant bouts de vêtements usés, de sacs en toile, de cartes postales, de mots reçus, de souvenirs. Cet objet est le résultat des mêmes opérations qu’on retrouve dans la pratique de cinéastes de Distruktur : celles de récupération, de découpe et d’assemblage. "Patchwork Quilt #2" les prolonge, il les incarne.
"To Ensure the Continuity of the Flow of Life" ne montre qu’une petite facette de la production de Distruktur. Néanmoins, avec ce choix d'œuvres, la galerie permet de restituer et de faire découvrir au visiteur bon nombre d'éléments saillants d’une production complexe. Parmi eux, et non des moindres, le fait que la raison d’être des œuvres de Distruktur réside dans le processus même qui les a rendues possibles. Car, bien que relevant d’une profonde connaissance de l’outil – caméra, pellicule, projecteur, image ou tissu –, ce processus est profondément ancré dans le sensoriel. Ce duo entre matérialité et sensible est bien à l'image de ce couple d'artistes : "Faire de l’art provoque un état d’esprit de fous", disent-ils, ce qui ressemble "à celui de tomber amoureux".
TO ENSURE THE CONTINUITY OF THE FLOW OF LIFE
Propos des artistes
Une exposition de Distruktur à la Film Gallery
Usés de recouvrir nos corps, les vêtements racontent les souvenirs collectés à leurs surfaces. Une carte typique de bar brésilien, avec des caractères mobiles, qui rappelle un endroit de Berlin où l'un de nous a travaillé, se transforme en champ poétique. Une collection de microfilms 16 mm, rassemble des informations autour d’événements s’étant déroulés au cours des 15 dernières années.
Les œuvres se composent de matériaux concrets, simples et peu coûteux. Tout au long du chemin migratoire de la reproduction et du réassemblage, la forme et le contenu sont transformés. C'est justement là, dans cette transformation, en restant la même chose et en cessant d'être la même chose, que la magie opère. Porter son passé, imprimé sur les marques de son apparence, c'est projeter des futurs possibles, désirés.
C'est dans le champ partagé du cadre que les œuvres se connectent. Le cadre est l'unité spatiotemporelle primaire du langage cinématographique. Des tissus qui protègent, des mots qui peuvent jouer, des images qui peuvent chuchoter. Des instantanés de lumière et de couleur, un rythme qui court, comme dans un film. Ceux-ci dessinent un même flot, celui d'un film. Une fois de plus, le mouvement consiste à se diriger vers la rivière, la rivière des images et des objets qui cohabitent avec nous depuis des années : nos archives vivantes. Puis, se baigner dans cette rivière, y nager, recueillir des trésors et des choses sans importance, les faire communiquer dans le langage du cinéma. Cadrer des images-mémoires pour les faire voyager à travers différents supports, du numérique au papier, du papier au film 16 mm, du film au mur.
Dans notre travail, le langage du cinéma semble se déployer, se fragmenter, exploser en de multiples images et objets dotés de leur propre espace-temps-mémoire, enfin conscients.
Tout cela est contenu dans chacune des images.
L'exposition a été conçue spécifiquement pour l'espace de la galerie. Trois des quatre œuvres ont été réalisées pour l'exposition, dont une in situ, le Patchwork Quilt N°2. Elle dialogue avec l'architecture interne de l'espace et cherche en même temps à refléter l'environnement extérieur, si connoté et si fréquenté dans le cas de la Film Gallery, avec les mouvements et les bruits du Faubourg Saint-Martin.
Bref synopsis
L'exposition se présente comme une célébration rituelle des fins et des nouveaux départs. En creusant dans les traces de notre passé, nous matérialisons le présent et projetons des futurs possibles. Un flot de couleurs, d’écritures, de formes et de textures invite le visiteur à se laisser emporter et à partager ses souvenirs et son imaginaire.
Tags
CADRES-LUMIÈRE-COULEUR-COLLAGE-RYTHME-NARRATIF-MATÉRIEL-MÉMOIRE-DIALOGUE-POINT DE DÉPART-POINT D'ARRIVÉE-VOYAGE/VOYAGE-MAGIQUE
Artists’ statement
A Distruktur exhibition at The Film Gallery
Pieces of clothing that got worn out covering our bodies now tell memories collected by their surfaces. A typical Brazilian bar menu chart with movable types, reminisce of a place in Berlin where one of us has worked, is transformed into a poetic field. A 3-digit collection of printed material, microfilmed into 16 mm, compresses information about events from the last 15 years.
The works are composed by concrete, simple, affordable materials. Along the migratory routes of reproduction and reassemblage, appearance and content are transformed. It is exactly there, in this transformation, by remaining the same and ceasing to be the same, that magic happens. Carrying its past printed on the marks of its appearance they project possible, desired futures.
It is in the common ground of the frame that the works connect. Frame as the primal space-time unit of the cinematographic language. Textiles that can bless, words that can play, images that can whisper. Light and color snapshots, running rhythm, as in a film. They form the same flow, which is a flow of a film. Once again the movement of going to the river, the river of images and objects that coexist with us for years, our living archive. Bathing in that river, swimming in it, collecting treasures and meaningless things and making them speak in the language of film. Framing memory-images to send them in a trip through different media, from digital to paper, paper to 16 mm film, film to the wall.
In our work, the language of cinema seems to expand more and more, to fragment itself exploding into other objects, images, endowed with space-time-memory, conscious at last.
And all this contained in each frame.
The exhibition happens as an occupation of the gallery space. Three of the four works have been made for the show, one as a site specific, the Patchwork Quilt N°2. It takes into account and dialogues with the internal architecture of the space and at the same time seeks to reflect the exterior surroundings, so characteristic and busy in the case of The Film Gallery, with the sidewalk, movements and noises of Rue Faubourg Saint-Martin.
Short synopsis
The exhibition happens as a ritualistic celebration of endings and new beginnings. Digging into the traces of our pasts we materialize the present and project possible futures. A flow of colors, lettering, textures and shapes invites the visitor to be carried away and share memories and fantasies.
Tags
FRAMES-LIGHT-COLOR-COLLAGE-RHYTHM-NARRATIVE-MATERIALS HAVE MEMORIES-MATERIALITY-DIALOGUE-POINT OF DEPARTURE-POINT OF ARRIVAL-VOYAGE/JOURNEY-MAGICK